Savinel, Bérengère (2022) Prendre le parti des femmes. L’institutionnalisation d'une cause objet dans le champ politique (2000-2017). École doctorale Droit et Science Politique (Toulouse).
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Abstract
Cette thèse interroge les modalités d’institutionnalisation de la cause des femmes dans les principaux partis de gouvernement (PS, UMP-LR, pôle centriste) et les assemblées élues (Assemblée Nationale et assemblées élues locales) en contexte post-parité (2000-2017). La faiblesse de l’institutionnalisation de la cause des femmes dans ces institutions est analysée à travers le double prisme des résistances des oligarchies partisanes et des logiques de professionnalisation des militantes, pouvant elles-mêmes tirer parti d’une institutionnalisation à la marge. On montre que la délégation de la cause des femmes aux expertes de l’égalité au sein et à proximité des assemblées élues tend à renforcer le processus de standardisation des politiques de genre. Réinvesties occasionnellement par des spécialistes de la gestion des intérêts du parti à travers leur enchâssement dans des enjeux emblématiques (laïcité, sécurité, famille), la différenciation des politiques de genre reste circonscrite à quelques dossiers. Cette différenciation est au demeurant euphémisée par une forme de tolérance à l’indiscipline partisane à l’échelle nationale et par des stratégies de dissimulation des réorientations de l’action publique à l’échelle locale. L’élection présidentielle de 2017 constitue un point d’orgue des usages de cette cause objet par les généralistes de la représentation. Faiblement investie sur le plan programmatique par les candidat·es et leurs équipes, cette cause fait pourtant l’objet d’usages symboliques distinctifs accentués par la mise en place des primaires et la dynamique d’hétéronomisation de la compétition politique. Sa mise à l’agenda électoral par les journalistes et les dits présidentiables apparaît fortement sélective. Cause adjectivale et malléable, elle se décline à travers d’autres thèmes jugés plus rentables (comme la famille et l’islam). Au-delà de leur fonction distinctive dans la compétition des primaires, ces usages des enjeux de genre traduisent les ajustements des candidat·es face à la remobilisation de l’électorat catholique conservateur et à la dite « droitisation » des électeurs·trices.
,This thesis examines how the cause of women has been institutionalized in the main governing parties (PS, UMP-LR, centrist pole) and elected assemblies (National Assembly and local elected assemblies) in a post-parity context (2000-2017).The weakness of the institutionalization of the women's cause in these institutions is analyzed through the double prism of the resistance of partisan oligarchies and the logic of professionalization of women activists, who can themselves benefit from an institutionaalization at the margin. We show that the delegation of the women's cause to equality experts within and close to elected assemblies tends to reinforce the process of standardization of gender policies. Occasionally reinvested by specialists in the management of party interests through their involvement in emblematic issues (secularism, security, family), the differentiation of gender policies remains limited to a few issues. This differentiation is euphemized, moreover, through a form of tolerance for partisan indiscipline at the national level and through strategies for concealing the reorientation of public action at the local level.The 2017 presidential election constitutes a high point in the utilization of this “object cause” by the generalists of representation. Weakly invested on the programmatic level by the candidates and their teams, this cause is nevertheless the object of distinctive symbolic uses accentuated by the implementation of the primaries and the dynamics of heteronomization of the political competition. The agenda-setting by journalists and so-called presidential candidates appears highly selective. As an adjectival and malleable cause, it is declined through other themes deemed more profitable (such as the family and Islam). Beyond their distinctive function in the primaries, these utilizations of gender issues reflect the adjustments of the candidates in the face of the remobilization of the conservative Catholic electorate and the so-called rightward shift of voters.
Item Type: | Thesis (UNSPECIFIED) |
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Other titles: | Taking the side of women. The institutionalization of an object cause in the political field (2000-2017) |
Language: | French |
Date: | 20 May 2022 |
Keywords (French): | Campagnes électorales -- France -- 2000-..., Sexisme en politique -- France -- 2000-..., Femmes et politique -- France -- 2000-..., Droits des femmes -- France -- 2000-..., Parité politique -- France -- 2000-... |
Subjects: | D- SCIENCES POLITIQUES > D2- Politique |
Divisions: | Laboratoire des Sciences Sociales du Politique - LASSP |
Ecole doctorale: | École doctorale Droit et Science Politique (Toulouse) |
Site: | UT1 |
Date Deposited: | 16 Mar 2023 14:38 |
Last Modified: | 16 Mar 2023 14:39 |
URI: | https://publications.ut-capitole.fr/id/eprint/47100 |