Poujade, Hélène (2018) L'entreprise amatrice d'art - L'entreprise mécène: le denier de l'art. In : L'entreprise et l'art Presses Université Toulouse 1 Capitole / LGDJ. Series “Colloques de l'IFR : 32” pp. 31-48. ISBN 978-2-36170-159-8
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Abstract
A l’image des fidèles qui, par leur contribution au « denier du culte », permettent à l'Église d'assumer sa mission, qu’en est-il de la contribution des entreprises au « denier de l’art » pour asseoir sa fonction de création et de diffusion de la vie de l’esprit ?
Mais avant d’explorer « les voies possibles du financement » par l’entreprise amatrice d’art, encore faut-il, en préalable, s’assurer que cette idée même d’une « entreprise mécène », telle une généreuse fidèle, puisse être empruntée !
Or, cela n’a rien d’évident tant l’expression retenue présente son lot de contradictions. N’enseigne-t-on pas que l’entreprise, qu’elle soit sous forme individuelle ou sociétaire, est transcendée par l’idée de lucre ? En ce sens, l’absence de contrepartie, consubstantielle au mécénat, contrarierait toute perspective de financement de l’art par l’entreprise. Le but non lucratif étant le critère qualifiant d’autres groupements , il y aurait donc fort à penser que cette vocation philanthropique reste de leur domaine réservé ; à l’exclusion des entreprises.
Défendre l’idée d’une « entreprise philanthropique » paraît en ce sens compromis tant la charité sied mal avec sa fonction naturelle.
Pourtant, cette vision manichéenne selon laquelle, d’un côté, les pouvoirs publics serviraient l’intérêt général, tandis que, de l’autre, l’entreprise serait animée par la seule quête du profit, doit être abandonnée. C’est d’ailleurs en cherchant à comprendre les motivations des entreprises mécènes que la pureté de la doctrine philanthropique s’effrite. Dépassant la mission économique des entreprises, il est désormais acquis que cet acte de générosité, rarement intuitif, est souvent conçu comme une véritable stratégie de communication. Par lui, l’entreprise cherche non seulement à optimiser son impact sur la cause soutenue, mais encore à créer une valeur immatérielle. L’animation culturelle devient alors le point d’orgue de son image . Au-delà, ne négligeons pas l’enjeu résidant dans les différentes incitations fiscales vouées à encourager l’intervention des entreprises au chevet de l’art. Elles sont d’ailleurs devenues l’un des éléments caractéristiques de son régime , y compris à l’échelon européen . Ces « niches » font florès. Ainsi, si l’intérêt commercial ou fiscal que poursuit l’entreprise donatrice ne constitue pas le motif décisif de son engagement, cela ne signifie pas pour autant qu’ils doivent être tus. Loin de se réduire à un amour éthéré des formes esthétiques, l’action du mécène repose sur ces diverses considérations.
Le don serait ainsi paré de nombreuses vertus ! Tandis que l’entreprise peut être instrumentalisée par l’art, l’inverse est également vrai. Levons donc le voile sur cette antinomie de « l’entreprise mécène » qui n’est, somme toute, qu’apparente.
Item Type: | Book Section |
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Language: | French |
Date: | January 2018 |
Subjects: | A- DROIT > A4- Droit privé > 4-2- Droit des affaires – droit commercial |
Divisions: | Centre de Droit des Affaires (Toulouse) |
Site: | UT1 |
Date Deposited: | 10 Jan 2018 11:26 |
Last Modified: | 02 Apr 2021 15:56 |
URI: | https://publications.ut-capitole.fr/id/eprint/24499 |