Bétaille, Julien (2016) La doctrine environnementaliste face à l’exigence de neutralité axiologique : de l’illusion à la réflexivité. Revue juridique de l'environnement (RJE) (n° spécial). pp. 20-59.
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Abstract
La neutralité axiologique, envisagée comme le rejet de tout jugement de valeur, constitue implicitement, en dépit des critiques dont elle a fait l’objet, une exigence afférente à tout discours scientifique sur le droit. Du moins personne ne revendique son contraire. C’est d’ailleurs cette exigence qui singularise le discours de la doctrine universitaire par rapport à d’autres discours sur le droit comme celui des praticiens. Dans cet article, nous défendons l’absence de spécificité de la relation qu’entretient la doctrine environnementaliste avec la neutralité axiologique, par rapport à celle entretenue par les autres catégories de doctrine. Son discours est inéluctablement affecté par les mêmes biais que ceux qui touchent les autres catégories de doctrine et elle y apporte des réponses comparables.
La doctrine – environnementaliste ou non – est inéluctablement confrontée au problème de la neutralité axiologique. Elle s’en soucie néanmoins assez peu. La doctrine environnementaliste a jusqu’à présent été préoccupée par d’autres impératifs et se confronter à ce problème aurait peut-être été prendre le risque de remettre en cause un fragment de sa légitimité naissante. Elle est influencée, comme les autres catégories de doctrine, par trois biais très répandus : la pré-compréhension de son objet, le contexte sociopolitique et sa proximité vis-à-vis de l’objet de recherche.
La doctrine environnementaliste apporte à l’exigence de neutralité axiologique une réponse comparable à celle qui y est donnée par les autres catégories de doctrine. Elle passe par deux démarches de réflexivité. D’une part, la doctrine environnementaliste a mis en place des processus d’objectivation tout à fait comparables à ceux qui existent ailleurs. Néanmoins, leur bon fonctionnement est affecté à plusieurs titres par l’étroitesse de la communauté scientifique du droit de l’environnement. En particulier, la doctrine environnementaliste débat peu, et lorsqu’elle le fait, les débats sont essentiellement défensifs. D’autre part, la réflexivité implique d’exposer ses méthodes. La doctrine environnementaliste partage avec les autres catégories le fait de ne pas souvent satisfaire cette exigence, tout comme elle n’expose que rarement sa posture théorique. Ces deux éléments sont pourtant particulièrement importants sur le plan de l’évaluation de la recherche.
Au delà, une première phase de la doctrine environnementaliste s’achève probablement, phase qui ressemble d’ailleurs à ce qu’ont connu d’autres catégories de doctrine, entre défense de son objet et recherche de légitimité. Il s’agit désormais d’ouvrir une nouvelle phase que nous souhaiterions à la fois plus théorique et plus méthodique.
Item Type: | Article |
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Language: | French |
Date: | December 2016 |
Refereed: | Yes |
Uncontrolled Keywords: | Axiologic neutrality, Legal Scholars, Environmental Law, Value Judgment |
Keywords (French): | neutralité axiologique, doctrine, droit de l'environnement, jugement de valeur, scientificité, méthodologie, épistémologie |
Subjects: | A- DROIT > A4- Droit privé > 4-10- Droit de l’environnement |
Divisions: | Institut des Études Juridiques de l'Urbanisme et de la Construction (Toulouse) |
Site: | UT1 |
Date Deposited: | 07 Feb 2018 10:33 |
Last Modified: | 02 Apr 2021 15:56 |
URI: | https://publications.ut-capitole.fr/id/eprint/24680 |