Laflamme, Simon and Roggero, Pascal (2014) Nouvelles perspectives en sciences sociales : revue internationale de systémique complexe et d'études relationnelles. Numéro spécial sur L'échange. Prise de parole

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Abstract

Quand on s’intéresse aux dynamiques et aux systèmes relationnels dont émergent les phénomènes sociaux et à la complexité qui les caractérise, la thématique de l’échange s’impose d’elle-même. L’échange vient donc très logiquement à l’agenda de la revue Nouvelles Perspectives en Sciences Sociales et fait l’objet de cet appel à contributions.

Annonce
Argumentaire

Quand on s’intéresse aux dynamiques et aux systèmes relationnels dont émergent les phénomènes sociaux et à la complexité qui les caractérise, la thématique de l’échange s’impose d’elle-même. L’échange vient donc très logiquement à l’agenda de la revue Nouvelles Perspectives en Sciences Sociales et fait l’objet de cet appel à contributions.

Si l’échange n’est évidemment pas un objet nouveau pour les sciences sociales, ce qui semble aujourd’hui assez frappant, c’est la réduction du terme à son seul périmètre économique, et plus encore à son acception marchande. Les représentations économiques et leur diffusion, tant savante que sociale, ont beaucoup œuvré dans ce sens en véhiculant une aride anthropologie où l’humaine nature est convoquée pour affirmer l’universalité de l’« agent » rationnel et souverain, entrant toujours dans l’échange en « calculateur des plaisirs et des peines » décrit par Veblen. À bien des égards, on pourrait considérer, selon la thèse de Polanyi, qu’une « société de marché » prospère aujourd’hui à travers cette autonomisation de la sphère économique qui s’émancipe de son contexte sociétal et soumet en retour à la régulation marchande des pans entiers de la vie sociale. Cette situation suscitant des mouvements de réaction dont le célèbre mot d’ordre altermondialiste « le monde n’est pas une marchandise » cristallise l’orientation générale et appelle à un « ré-encastrement » politique et social de l’activité économique. On connaît la critique de Granovetter et, plus généralement des auteurs de la « nouvelle sociologie économique », à la thèse polanyienne : le « désencastrement » (comme l’« encastrement ») est un concept trop fruste qui méconnaît qu’il y a de l’« encastrement » dans le « désencastrement » (et inversement). Le social a la vie dure et les réseaux relationnels perdurent et agissent dans l’échange marchand. S’il n’est pas sûr que cette critique invalide le sens général de la thèse polanyienne, elle engage néanmoins à être attentif à la complexité des processus à l’œuvre.

Par de-là cette discussion centrée sur l’échange marchand, il convient de restaurer à l’échange son statut de condition nécessaire à l’existence tant des humains que des sociétés. Les humains en tant qu’ils sont linguistiquement, historiquement et socialement constitués. Les sociétés parce qu’elles sontd’abord, comme l’a montré Levi-Strauss, des systèmes d’échanges et que, dès lors, l’échange est logiquement un passage obligé dans la théorisation de la vie sociale. À bon droit, on peut parler d’un « phénomène social total » engageant toutes les sphères de l’activité humaine : accès au langage et au symbolique, relation à l’autre et renoncement à la satisfaction immédiate de désirs, pacification des relations sociales, mais aussi faits de domination, etc. Loin des « robinsonnades » que déjà Marx moquait au XIXe siècle, l’anthropologie fondamentale de l’échange nous engage à un regard complexe qui concerne toutes les sciences humaines et sociales.
Axes thématiques

Plusieurs axes de questionnement peuvent être soulignés sans exclusivité :

L’omniprésence des marchés, des relations marchandes et des représentations économico-managériales induit-elle et/ou traduit-elle dans le monde du travail, les groupes familiaux ou les institutions, l’évolution d’individus qui seraient devenus plus intéressés, calculateurs et stratèges que par le passé ? Aurait-on alors affaire à un effet de la performativité du discours économique dominant et/ou à un ultime avatar de la rationalisation wébérienne ?
Dans quelle mesure et sous quelles formes l’échange social, le don ou des processus de subjectivation continuent-ils d’irriguer voire de fonder la vie sociale ?
Disposons-nous des outils conceptuels et méthodologiques pour rendre compte de la dimension processuelle de l’échange ? Comment, par exemple, penser l’individualité sinon la subjectivité dans le cadre d’une permanence de l’échange ? La relation est-elle synonyme d’échange ?

Item Type: Book
Language: French
Date: May 2014
Additional Information: vol.9 n°2
Subjects: F- SCIENCES HUMAINES
Divisions: Institut du Droit de l'Espace, des Territoires, de la Culture et de la Communication (Toulouse)
Site: UT1
Date Deposited: 30 Mar 2016 12:58
Last Modified: 02 Apr 2021 15:52
URI: https://publications.ut-capitole.fr/id/eprint/20503
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